Résumé
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À la fois « sphère de vapeur » et synonyme d’ambiance, l’atmosphère porte dans sa polysémie une histoire à la fois ancrée dans les sciences physiques et dans la sphère artistique dans laquelle elle est convoquée pour décrire un sentiment délocalisé de sa propre subjectivité, et que l’on pense ancrée dans le monde de l’œuvre dont on fait l’expérience. Malgré sa conceptualisation par la néo-phénoménologie qui la situe primordialement dans un espace vécu par un sujet, l’atmosphère peut être l’objet d’une expérience esthétique spécifique à une œuvre qui ne présente pas d’espace à parcourir. Issue d’une triangularisation du sujet, de l’espace et du temps, l’expérience atmosphérique se trouve au carrefour de la représentation cinématographique de l’espace, du temps qu’il sculpte et impose au spectateur, et de la multiplicité des sujets percevants, spectateurs comme personnages. À l’aune d’une polysémie qui encourage à la pensée des phénomènes météorologiques comme mécanismes invisibles qui influent sur le sensible et à son recours à la fois dans une volonté d’affirmer une vérité du monde sensible ou comme renvoi à un au-delà du visible qui vise le transcendant, les mini-séries documentaires « militaires » d’Alexandre Sokourov (Confession, Voix spirituelles) contrastent avec le sacré des milieux de deux films d’Andreï Tarkovski, Stalker et Le Sacrifice.
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